Oubliez la vieille idée selon laquelle traverser la Manche vous affranchit de toute obligation fiscale envers la France. Même installé à Londres ou à Édimbourg, il suffit parfois de posséder un appartement à Bordeaux ou de toucher une pension française pour que le fisc tricolore frappe à la porte. Les conventions fiscales n’effacent pas toutes les notes à payer : selon le type de revenus et leur origine, la France garde la main sur certains prélèvements. Entre plus-values immobilières, loyers perçus et pensions publiques, le couperet fiscal tombe, centre des intérêts économiques ou non.
L’ère de l’échange automatique d’informations fiscales entre la France et le Royaume-Uni a changé la donne pour tous ceux qui jonglent avec les frontières. Impossible désormais de jouer à cache-cache avec le fisc : chaque revenu, chaque compte bancaire, chaque transfert est scruté. Pour les particuliers concernés, la déclaration de revenus et la demande d’attestation de résidence ne relèvent plus du simple formalisme, mais d’un passage obligé sous peine de pénalité.
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Non-résident fiscal en France : ce que cela signifie concrètement
Le concept de non-résident fiscal en France ne s’improvise pas. Il découle des critères définis par le code général des impôts (CGI). Une personne devient non-résidente lorsqu’elle a quitté son foyer, cessé de séjourner régulièrement en France et déplacé le centre de ses intérêts économiques à l’étranger. Ce changement de statut doit être signalé sans délai à l’administration fiscale, qui attend une notification officielle dès le départ.
Une fois ce nouveau statut acté, le SIPNR (service des impôts des particuliers non-résidents) prend la main. Ce service gère la perception des impôts dus sur les revenus français, traite les déclarations et accompagne les questions touchant à la fiscalité internationale. Chaque situation trouve son règlement à la lumière de la convention fiscale franco-britannique qui répartit les droits d’imposition selon la nature des ressources : salaires, pensions, plus-values ou loyers. L’uniformité n’existe pas ici, chaque cas recèle ses particularités.
Depuis le Brexit, le contexte n’est plus le même pour les Français établis outre-Manche. Les règles européennes ont cédé la place à de nouvelles spécificités, certaines moins avantageuses. Côté Royaume-Uni, le très commenté statut “non-dom” séduit pour ses promesses d’optimisation, mais il vient avec davantage de transparence à respecter. Pour chaque expatrié, le critère de résidence fiscale demeure central : il structure le régime d’imposition et l’accès à certains dispositifs, dont le régime d’impatriation lors d’un retour en France.
Voici les points-clés à surveiller lorsqu’on part s’installer à l’étranger :
- Informer l’administration fiscale de votre nouvelle adresse dès le départ.
- Le traitement fiscal sera différent selon le pays d’accueil et le contenu des accords entre les deux États.
- Le SIPNR devient l’interlocuteur unique pour tout non-résident ayant encore des revenus imposables en France.
Quels revenus restent imposables en France quand on vit au Royaume-Uni ?
S’installer en Grande-Bretagne ne coupe pas automatiquement tous les liens fiscaux avec l’Hexagone. Dès qu’il subsiste un revenu de source française, la fiscalité tricolore continue de s’appliquer sous certaines conditions. Ce sont les fameux accords bilatéraux qui précisent la répartition, mais concrètement, chaque type de ressource connaît ses propres règles.
Un appartement à Paris, une maison de famille en Provence ? Les revenus fonciers issus de ces biens demeurent soumis au fisc français, que l’on vive à Manchester ou Glasgow. La gestion s’effectue directement auprès du SIPNR, qui centralise toutes les démarches. Pour les plus-values immobilières, vendre un bien situé en France signifie taxation à l’origine, où que l’on réside.
Côté retraite, la provenance de la pension décide du pays où la déclarer. Exemple : Marie, ancienne enseignante, perçoit une pension publique ; même d’Angleterre, elle la déclare en France. Jean-Claude touche une retraite du privé après une carrière bancaire ; dans la plupart des cas, c’est le Royaume-Uni qui la taxe, conformément à la convention. Impossible d’ignorer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) : même non-résident, toute détention d’un patrimoine immobilier français implique son paiement. Pour les impôts locaux, même logique : tant que l’on possède un bien, la taxe reste due, sans égard pour le lieu de résidence fiscale.
Sur le terrain des placements, le Plan d’Épargne en Actions (PEA) a perdu son attrait depuis que les titres britanniques en sont exclus, rendant cet outil moins pertinent pour les profils internationalisés. À l’inverse, l’assurance-vie luxembourgeoise conserve tout son intérêt pour les expatriés en quête de souplesse et de sécurité juridique, peu importe l’évolution des régimes nationaux.
Les démarches incontournables pour déclarer ses impôts depuis l’étranger
Changer de pays n’efface pas la vigilance à avoir face à l’administration fiscale française. Avant toute chose, il faut déclarer formellement son départ auprès de son centre des finances, puis mettre à jour son adresse sans tarder. Cette formalité évite bien des tracas sur le long terme.
Le statut de non-résident fiscal s’applique dès la reconnaissance officielle du départ par le fisc. Chaque année ensuite, la déclaration des revenus français passe par le formulaire 2042-NR. Pour les ressources perçues à l’étranger, le formulaire 2047 entre en jeu afin de neutraliser tout risque de double imposition, comme l’accord entre les deux pays le prévoit. L’administration permet la gestion en ligne, à condition de posséder un compte dans la zone SEPA.
Le SIPNR regroupe l’ensemble des dossiers des non-résidents et reste le canal de contact prioritaire pour obtenir des informations, vérifier une déclaration ou régler tout problème de paiement. Au Royaume-Uni, le changement de résidence se notifie auprès du HMRC grâce au formulaire P85, qui officialise la sortie du territoire fiscal britannique. Ceux qui conservent des comptes hors du pays d’accueil doivent également remplir le formulaire CA3916 pour répondre aux obligations de transparence actuelles et éviter tout écueil lors d’un contrôle.
La clé, c’est la rigueur : expatriés actifs, investisseurs ou retraités, personne n’échappe à la nécessité d’anticiper ses démarches, conserver ses preuves, et suivre les évolutions post-Brexit ou d’éventuels nouveaux accords. Veillez à vous informer pour ne pas subir des rappels fiscaux inattendus.
Où trouver des informations fiables et obtenir de l’aide pour vos obligations fiscales ?
Passer d’une fiscalité à une autre réclame une bonne dose d’organisation et d’attention. Pour toute question concernant la fiscalité française ou les revenus imposables en France, le SIPNR reste le service de référence. Ses équipes traitent les dossiers, orientent sur les formulaires à remplir, comme le 2042-NR ou l’IFI, et renseignent sur les démarches à ne pas manquer.
En ce qui concerne le Royaume-Uni, l’HMRC propose de nombreux guides et supports sur la fiscalité outre-Manche, utiles pour préparer sa situation ou clarifier des revenus étrangers. La convention fiscale franco-britannique détaille pour chaque type de revenu les modalités d’imposition, permettant de trancher en cas de doute sur une double déclaration.
Lorsque la situation patrimoniale devient plus complexe, assurance-vie luxembourgeoise, structuration d’investissement international, adaptation post-Brexit, le recours à un conseil s’avère précieux. Des cabinets spécialisés et des professionnels experts dans la fiscalité transfrontalière assistent les expatriés pour faire évoluer leur stratégie et éviter un mauvais calibrage fiscal. Les grandes compagnies d’assurance ou certaines banques internationales disposent également de services adaptés à la clientèle expatriée.
Voici une liste des principaux interlocuteurs selon la nature de votre besoin :
- Pour les démarches administratives françaises : SIPNR
- Pour toute question relative à l’imposition britannique : HMRC
- Pour une stratégie patrimoniale internationale : experts en fiscalité internationale et gestionnaires spécialisés
Au fil des années, la frontière fiscale entre la France et le Royaume-Uni s’est épaissie, sans toutefois effacer les passerelles. Rester attentif, s’entourer des bonnes compétences et anticiper chaque étape, voilà comment transformer l’exil fiscal en exercice maîtrisé et ouvrir, plutôt qu’une brèche, une voie vers de nouvelles perspectives.